- FEUDISTE
- FEUDISTEFEUDISTEÉrudit qui, surtout au XVIIIe siècle, met en ordre et étudie les archives seigneuriales pour préciser les droits et l’extension des fiefs (en fait, des seigneuries). L’activité des feudistes n’est qu’une partie de celle des historiens formés aux méthodes d’érudition élaborées par quelques savants; ainsi les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur jouèrent-ils à partir de la fin du XVIIe siècle un rôle essentiel, mais qui ne doit pas faire oublier celui des archivistes laïcs, comme Godefroy et Dupuy au XVIIe siècle, Moreau au XVIIIe siècle. Les feudistes connurent leur âge d’or dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, alors que, prenant le relais de la recherche généalogique, la réaction seigneuriale conduisait à un réexamen intéressé des titres anciens qui renforçait les conséquences de la vogue des recherches historiques. Dans la langue courante, on comprit souvent sous l’appellation de feudistes tous les fureteurs de chartriers, clercs ou laïcs. Nombre de ces érudits se retrouvèrent, quelques années plus tard, dans les commissions de triage qui, entre 1794 et 1801, ordonnèrent les premiers fonds des nouvelles archives nationales ou départementales et qui éliminèrent plus ou moins fâcheusement des archives anciennes ce qui semblait avoir cessé de présenter un intérêt historique ou administratif. Dans la plupart des cas, les feudistes ont été à la fois des archivistes, des historiens et des juristes. Leurs recherches ont fait sensiblement progresser la connaissance de l’ancien droit français et ont à cet égard facilité l’élaboration des codes qui, de ceux de Colbert à ceux de Napoléon, ont donné au droit français sa cohérence.• 1586; lat. médiév. feudista, de feudum → fief♦ Didact. Spécialiste du droit féodal.⇒FEUDISTE, subst.Personne s'occupant de droit féodal. À la façon des feudistes du XVIIIe siècle (L. FEBVRE, Combats pour hist., Bloch et Strasbourg, 1939-45, p. 394).— En appos. Un commissaire feudiste. C'est un conspirateur (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1824-30, p. 508).Rem. Seul Ac. 1932 donne les deux genres au mot. Pour tous les autres dict. gén., ce subst. est uniquement masculin.Prononc. et Orth. :[fødist]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1586 (CHARONDAS, 289 v° ds DELB. Notes). Formé sur le lat. médiév. feudum (fief) avec suff. -iste. Fréq. abs. littér. :3.feudiste [fødist] n.ÉTYM. 1586; lat. médiéval feudista, de feudum. → Fief.❖♦ Didact. Spécialiste du droit féodal.0 (…) il y avait auprès de Castres un honnête homme de cette même religion protestante, nommé Sirven, exerçant dans cette province la profession de feudiste.Voltaire, Dict. philosophique, Criminel.
Encyclopédie Universelle. 2012.